Voyages d'un cœur endormi– Mayaster Dreva
L’encre du Tenrabéen – Mayaster Dreva
La légende de Vodnark – Kim Yuhanovic
Mémoires d’un Nohope – Olivia Veldareno
L’ascension des Renégats – Aldjin
Le Sicaire et la Belladone – May Aster-Eva
Les Tisseurs de réalités – May Aster-Eva
Voyagez vers les 7 arcs narratifs de la collection des "Légendes de l'Encre-Temps", de la saga Revelarme.
Conçu autour de 7 arcs narratifs, les légendes de l'Encre-Temps, de la saga Revelarme, vous transportent dans les méandres d'aventures épiques et oniriques inoubliables. Rejoignez Mayaster, Kim, Olivia, Aldjin et les autres rêveurs de liberté ! L'imagination d'une rêveuse d'amour peut-elle changer réalités et légendes d'un monde asservi par la fin des temps ?
Mayaster Dreva
Jeune Humaine, autrice de livres fantastiques vivant à Ars-en-Ré en France, Mayaster Dreva apprend à maîtriser l’encre obsidiennale, suite à sa rencontre avec Vincent Alucardy, afin de délivrer sa mère prisonnière de la C.P.L.. Nonchalante à l’humeur fluctuante, bienveillante et rêveuse, Maya est amoureuse de son amie Karen Payne-Sogus et le lui fait rapidement savoir malgré leur romance hésitante. Après être tombée en Tenrabee, ses sentiments manipulés par Atekytsana la rapprochent d’Antoine Aldimar dont les deux âmes sont liées. Au cours de l’histoire, Mayaster acquiert les pouvoirs des 4 Encres de la vie, devenant ainsi une redoutable Gardienne des Encres recherchée par les Querghens.
Antoine fut interrompu par le contact divin de mes cheveux s’écoulant sur son épaule. J’y posai bientôt ma tête. Je commençai à pleurer. De désespoir. De faim. De manque d’amour.
— Excuse-moi. Je ne suis pas aussi faible d’habitude, mais j’ai perdu des êtres que j’aimais, et ça fait une éternité que je suis seule, emprisonnée dans ce monde bizarre et, en général, sur cette planète hostile. Ça fait trop longtemps. Je… je crois que… que j'ai peur de mourir… Je ne veux pas mourir… Excuse-moi… Ne te méprends pas (je me collai à lui), j’ai juste besoin d’un contact avec quelqu’un de tendre… Un contact. Un simple contact physique. Je ne sais pas ce qui m'arrive… Pardon. Mais ce n’est pas du désir. C’est juste une forme de survie. Tu comprends ?
Je l’enlaçai spontanément. Il me permit de me blottir sur son torse. Antoine me protégea de son bras, d’une manière naturelle dénuée de mauvaises intentions. Je grelottais. Il me serra davantage. Me frictionna. Me rassura. Il était fort et doux à la fois. Je soupirai pour expulser l’air vicié de mes organes tourmentés. Il sentait le sel sur ma peau. Je sentais son souffle chaud sur ma nuque confiée à sa respiration rassurante. Il sentait le poids de mon corps appuyé sur le sien, peut-être même celui de mon cœur, en proie à cette épouvantable solitude. Il sentait un mélange d’effluve de tubéreuse et d’espoir capiteux. Et moi, je me sentais mieux.
— Je comprends. Il n’y a pas de honte à vouloir survivre par tous les moyens. Ne t'inquiète pas, ça va aller…, me réconforta-t-il d’un murmure féerique.
— C'est agréable d'être dans tes bras. J'avais oublié combien c'est bon d'être touchée par quelqu'un de gentil. Si seulement…
Voyages d'un cœur endormi
Karen Payne-Sogus
Meilleure amie de Mayaster Dreva, elle semble d’abord hésiter à lui rendre son amour et sa passion, préférant se laisser attirer par le ténébreux Justin, avant de revenir vers elle après de nombreux conflits et drames. Karen est l’opposée physique et sociale de Mayaster ; elle est sportive, curieuse, téméraire et moqueuse. Ses troubles du langage, sa passion pour les chats et son passé difficile dans les banlieues de Stockholm en font une femme attachante et débrouillarde. Ses romances et ses aventures avec Mayaster sont au cœur de ses rêves.
Perché dans une alcôve, à l’entrée du village, un petit dôme sans prétention diffusait une pâle lueur rosâtre à travers les fenêtres ovales. Karen aidait Sunshen à préparer un gâteau Miminko, une spécialité de Farginol. Elle semblait prendre du plaisir à presser de petites boules de truffes coronoïdes, bien que ses gestes patauds ne trahissent un manque de pratique évident. Elle ne me remarqua même pas lorsque je m’approchai d’elle, en soupirant à la fois de bonheur et de tristesse.
Une poignée de secondes d’hésitation, comme pour fixer la réalité de nos retrouvailles dans mon esprit capricieux qui aimait duper mes sens.
Puis je l’étreignis.
Très fort.
Karen sourit avant de me serrer en retour avec ses mains pleines de bouillie de truffe. Je m’assis à ses côtés en la regardant aplatir la pâte avec application. Elle m'avait terriblement manqué ; je décidai, en malaxant avec elle, que jamais je n'abandonnerais l'idée qu'elle puisse me voir comme je la voyais à cet instant. Ce qu'elle représentait pour moi. Intimement. Malgré ce qu'en pensent les gens, de notre monde ou de celui-ci, malgré ses hésitations à accepter la réalité que je lui imposais de facto, malgré mes promesses, malgré Justin. Nos baisers et nos caresses d'antan n'étaient pas seulement l'expression d'un désir de découverte ou d'une envie passagère. C'était beaucoup plus fort que ça. Toutefois, je ne voulais que son bonheur, avec moi ou avec Justin. Je savais que mon imagination me jouait des tours, que j'étais sans doute la seule à délirer. Qu'importent ses choix, à défaut de ses nuits, je souhaitais rester à jamais la gardienne de son sourire. La pauvre ne nous reconnaissait même plus. Lorsque je vis mon amie me tendre un morceau de pâte en m’invitant à la pétrir comme elle, une larme coula le long de ma joue gauche…
Un geste simple.
Un geste bouleversant.
Voyages d'un cœur endormi
Atekytsana
Gardienne de l’encre obsidiennale enfermée dans le corps de Mayaster Dreva, elle manipule les sentiments de l’écrivaine jusqu’à son réveil total, parasitant le corps de Pénélope, la mère de Maya. Elle cherche à se venger de Kolt Avolt et des autres Gardiens l’ayant ostracisée des siècles auparavant.
— Quel imbécile ! grommela Karen en se retournant vers Antoine et moi, adossés contre le mur de la cellule, en face d’un homme étrange portant un chapeau de paille qui couvrait tout son visage. Il semblait dormir mais les cris d’injustice de Karen lui firent redresser la tête :
— Z’êtes pas du Prozopen, tous les trois… J’pense pas me tromper en disant que c’est la première fois que vous foutez les pieds dans notre magnifique pays, affirma-t-il avec ironie.
— C’est exact, répondit Antoine en le regardant droit dans les yeux, essayant d’ignorer sa silhouette d’épouvantail.
— Bah… Ne m'yeutez pas comme ça ! J'vais point vous bouffer. Je me nomme Oscar Crow, j'suis juste un poète vagabond. Oh, vous pouvez p'têtre m'aider au fait ! C'est pour cette saloperie de poésie que j'arrive pas à boucler ! Qu'est-ce qui rime le mieux avec "caboche", huh ? "Mioche" ? "Pioche" ? "Graillon" ?
— Pourquoi êtes-vous emprisonné ? demanda Antoine, sans prêter attention à ses divagations d'artiste.
— C’est simple. Parce que je suis un voleur.
— Je croyais que vous étiez poète ? soupirai-je.
— Dans le métier, on sait se diversifier. Car, même pour les piafs, les vers ne payent pas sassez.
— Pas de reproches : c'est moche d'avoir la caboche aussi vide que ses poches, observai-je, d'un trait d'humour que personne ne comprit à sa juste valeur sauf lui.
— Oh, une collègue de bon goût !
L'encre du Tenrabéen
Antoine Aldimar
Héros des Légendes de l’Encre-Temps, sa jeunesse solitaire et un sentiment de différence le fait braver les interdits en Tenrabee, dont il cherche à cartographier la moindre région. Gringalet manquant de confiance en lui, il deviendra, en se confrontant aux plus incroyables aventures, une véritable légende charismatique, appelée sobrement « Le Tenrabéen » dans les deux univers qu’il traversera. Le triangle amoureux instauré avec Mayaster et Karen le poussera à se dépasser pour protéger leurs mondes des Querghens.
Un mur de pierre qui semblait ne jamais finir, en s’envolant vers mes étoiles fantastiques.
Son Everest.
La varappe, Karen l’avait seulement pratiquée sur le mur d’escalade de son Lycée. Son corps de maman s’était pourtant vite adapté à l’entraînement qu’elle s’était astreinte à suivre. Ses muscles dorsaux en sueur, ses biceps travailleurs, ses abdominaux incisifs, cette resplendissante machine que j’admirais se mit en branle pour gravir les premiers dizaines de mètres. La pente était abrupte mais les aspérités nombreuses, facilitant les prises, malgré quelques mousses glissantes. Elle ne s’économisait pas, regardant parfois en contrebas les torches de Réma dont les lumières s’évanouissaient progressivement dans ce crépuscule éternel.
Quelle sensation indicible que celle d’avoir l’impression physique de pouvoir véritablement décrocher les étoiles. Car, à mesure que son ascension progressait, le « plafond » du Prozopen se faisait plus proche. Elle parvint à se reposer quelques heures, sur un promontoire étroit, les jambes dans le vide. Mais le monde de la surface, bercé de ses souvenirs avec moi, l’appelait inexorablement.
Et elle reprit sa folle ascension.
Le troisième jour, Karen avait épuisé l’intégralité de ses provisions. Elle avait soif. Soif d’eau et de réponses. Perchée à plusieurs kilomètres de Réma et son désert de sable, Karen sentait son cœur battre de nouveau. Elle continua. Encore et encore. Jusqu’à l’épuisement. Une nouvelle corniche salutaire. Elle dormit longtemps. Puis la fraîcheur de l’air la réveilla. Ses lèvres sèches se déchiraient quand elle grimaçait pour forcer sur ses jambes, ses chaussures abîmées jusqu’à la semelle, des crampes aux muscles. La cicatrice sur son cœur, de nouveau vivante, accompagnée de cette douleur familière qui la faisait sourire. Ça lui donnait de l’espoir, ça lui donnait confiance.
Elle reprit sa vie en main sous la brise.
Elle se retrouvait.
Et elle lâcha prise.
À la moitié du sommet.
L'encre du Tenrabéen